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Re-discovery of Angkor by Louis Delapote -- Duplat Guy

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Le mythe d’Angkor revit

DUPLAT GUY Publié le - Mis à jour le 
ARTS VISUELS Le musée Guimet fait revivre la découverte d’Angkor par Louis Delaporte. Le mythe de la ville envahie par les racines et les lianes était né. Avec de sublimes statues et d’impressionnants moulages des reliefs.
Le musée Guimet à Paris fait revivre Angkor. Son exposition remonte aux origines du mythe d’Angkor, tel que l’Europe, et tout particulièrement la France, l’a construit à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. La personnalité mise en lumière est Louis Delaporte (1842-1925), le “redécouvreur” d’Angkor, l’homme qui a ramené en France des dizaines de sculptures sublimes sauvées de la dégradation, qui a réalisé les moulages des plus beaux reliefs d’Angkor, qui a magnifiquement dessiné ce qu’Angkor avait dû être à l’époque de ses grands rois, l’homme qui s’est battu, souvent seul contre tous, pour que l’art khmer entre dans les grands musées français.
L’exposition montre aussi comment les monuments d’Angkor ont été présentés au public à l’époque des spectaculaires Expositions universelles et coloniales.
On y retrouve, d’abord, les pièces magnifiques du musée Guimet lui-même, mais on montre aussi les moulages si impressionnants réalisés entre 1870 et 1930. Ces moulages faillirent disparaître et viennent d’être, très heureusement, restaurés.
Des sculptures originales majeures du patrimoine culturel khmer ont aussi été généreusement prêtées par les principales institutions du Cambodge : le Musée national de Phnom Penh et le Musée national d’Angkor. L’exposition veut aussi faire un sort à la réputation parfois faite à Delaporte et à la France d’avoir pillé le Cambodge. Au contraire – veut montrer l’expo – ils ont sauvé ce patrimoine.
Grande civilisation
Angkor symbolise le zénith d’une civilisation qui a commencé à se développer dans les premiers siècles de notre ère. A l’apogée de leur pouvoir, les Khmers régnaient sur l’ensemble du territoire de ce qui est aujourd’hui le Cambodge, le Sud-Vietnam, le Laos et une partie de la Thaïlande.
Si, pour cette expo, 250 pièces sont présentées, rien, certes, ne vaut la visite à Angkor même, au cœur de la jungle, avec le plus grand des “temples-montagnes”, Angkor Vat, gigantesque temple entouré de douves, habité par quelques moines en robe safran, et dont les murs sont garnis d’un énorme bas-relief, d’une finesse extrême, racontant les exploits du Ramayana. Ce temple construit entre 1113 et 1150 rivalise avec le Bayon, le plus beau sans doute des temples d’Angkor, construit par le grand roi Jayavarman VII entre 1181 et 1220. Celui-ci s’était converti au bouddhisme et toutes les tours du temple ne sont que des têtes gigantesques du bouddha, avec ce sourire captivant qu’on a appelé le “sourire d’Angkor”.
De nouveau, d’admirables bas-reliefs courent tout au long du temple où l’on raconte, entre autres, les guerres menées par les Khmers contre les Chams. Angkor, ce sont aussi des temples romantiques envahis par les lianes des gigantesques fromagers, les gracieuses et voluptueuses danseuses qu’on appelle “apsaras”, le temple rose, que Malraux aimait tant qu’il y vola un bas-relief.
En 1923, en effet, André Malraux et sa femme Clara dégageaient à la scie quatre grands blocs ornés de très beaux bas-reliefs, dans le temple de Banteay Srei. Ils espéraient les revendre cher, mais ils furent arrêtés à Phnom Penh. Le futur ministre de la Culture français fut condamné à trois ans de prison, peine commuée en appel à un an avec sursis.
Angkor, c’est, en tout, une centaine de temples disséminés dans la jungle, que des explorateurs français ont miraculeusement retrouvés sous la végétation au XIXe siècle.
Les pillages ont encore récemment frappé la région, et, surtout, pendant plus de 15 ans, sous les Khmers rouges, Angkor fut interdite et truffée de mines antipersonnel. Depuis lors, la sauvegarde du site est devenue une priorité mondiale.
Malraux et les Khmers rouges n’ont pas été les seuls prédateurs d’Angkor. Depuis le départ des grands rois khmers au XIVe siècle, sous les coups de boutoir des voisins siamois, la cité mythique, qui compta jusqu’à un million d’habitants avant d’être désertée, n’a pas cessé d’être pillée, victime des guerres, des bandits ou oubliée tout simplement sous les racines géantes des banians et des fromagers qui enserrent les bas-reliefs de leurs bras gigantesques.
On peut admirer, à Paris, un ensemble rarement réuni d’œuvres superbes. De quoi vérifier la beauté incroyable de cette civilisation. Comme la sculpture en grès d’une Uma dansante, le beau bouddha protégé par le Naga (le serpent), la tête exceptionnelle de Jayavarman VII en grès. Les bas-reliefs étant intransportables, ils sont en partie reproduits par des photos d’époque et, surtout, par de nombreux moulages saisissants.
Les moines
Angkor a toujours fasciné les voyageurs. Quand nous l’avions visité, Angkor était sans doute un des seuls lieux culturels du monde qui restait habité. Le soir, les enfants se baignaient avec leurs buffles dans les douves gigantesques d’Angkor Vat. A l’aube, les dizaines de moines en robe safran des temples d’Angkor Thom et Angkor Vat psalmodiaient leurs prières avant d’aider les soldats à élaguer la forêt, le long des routes. Quand le matin hésite encore, un flot de cyclistes se rend déjà vers les temples. Ils viennent du village de Shra Rang sur le site, ou de Siem Reap. Ils se placent à l’entrée des monuments pour interpeller les touristes.
Dans le cœur d’Angkor Vat, ou du Bayon, ce temple fantastique avec ses 200 têtes gigantesques de bouddha et ses bas-reliefs aux 10 000 personnages sculptés, vivaient quelques bonzesses. Elles restaient dans le noir, veillant sur leurs statues de bouddha et vendant aux pèlerins occasionnels quelques bâtonnets d’encens. Dans la jungle du temple de Ta Prohm, le seul d’Angkor à n’avoir volontairement pas été nettoyé, le romantisme est maximum. Les fromagers énormes disloquent la pierre, jouxtent les déesses sculptées dans la brique, côtoient les “apsaras” célestes ou les gardiennes des temples. Des enfants courent pieds nus, vous proposent de faire le guide ou de vous vendre un souvenir bricolé avec trois fois rien. Un soldat dort sur son hamac.
“Angkor, la naissance d’un mythe, Louis Delaporte et la Cambodge”, au musée Guimet, jusqu’au 13 janvier. Paris est à 1h22 de Bruxelles avec Thalys, 25 trajets par jour.
http://www.lalibre.be/culture/arts/le-mythe-d-angkor-revit-5284540c3570ea593dbadc6f

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